jeudi 8 octobre 2015

Le cinéma français

Au cours des années 1890, les recherches sur l’image photographique animée étaient très avancées dans plusieurs pays lorsque les premiers appareils permettant la projection sur un écran donnèrent
naissance au cinéma-spectacle. Bien que les frères Skladanowsky aient organisé une projection de leurs propres films à Berlin en novembre, c’est aux frères Auguste et Louis Lumière qu’est attribuée
l’invention décisive, qui fut présentée à des spectateurs le 28 décembre 1895, à Paris.
Mais qui sont-ils? 

L’avènement du parlant établit le cinéma français dominant sur des bases qui allaient peu évoluer jusqu’aux années cinquante: importance des dialogues, influence du music-hall, adaptations de pièces de théâtre de boulevard... Deux auteurs venus du théâtre parvinrent à se faire remarquer: Sacha Guitry (Le Roman d’un tricheur; La Poison) et Marcel Pagnol (César, La Fille du puisatier). Le populisme de René Clair (Quatorze Juillet) cohabitait avec des tendances plus pessimistes observables dans les films de Marcel Carné (Hôtel du Nord), de Pierre Chenal et Jean Grémillon.
Jean Gabin est l’acteur type d’un cinéma oscillant entre le référent social de l’époque (La Belle Équipe), le romantisme exotique (Pépé le Moko) et le sombre mélodrame (Le jour se lève). Le réalisme poétique, est aussi associé à Jacques Prévert avec un film sans précédent, que Jean Vigo écrivit et mit en scène peu avant sa mort, l’Atalante qui ne sera reconnu qu’après la II-e Guerre mondiale. De même, Jean Renoir réalisa des oeuvres magnifiques: Toni, qui annonce le néoréalisme et des comédies comme Boudu sauvé des eaux et Le Crime de M. Lange, écrit par Jacques Prévert.
Les années trente ont offert d’autres comédies de grande qualité comme La Kermesse héroïque, de Jacques Feyder, ou Drôle de drame de Marcel Carné qui est aussi l’une des meilleures versions cinématographiques de l’univers de Jacques Prévert. Ce dernier a écrit des films loufoques avec son frère Pierre: L’affaire est dans le sac, Voyage surprise. Les comédies avaient quelque chose de la farce et sollicitaient systématiquement les mêmes vedettes (dont Fernandel ou Bourvil). Les bouleversements politiques amenèrent à Paris nombre de cinéastes d’origine russe (Fedor Ozep, Nicolas Farkas), mais aussi des Allemands et des Autrichiens. Ils introduirent une nouvelle vision du monde cinématografique.
Le cinéma sous l’occupation
Contrairement à d’autres pays, la France ne diminua pas ses activités cinématographiques pendant la IIème Guerre mondiale. Au contraire, la production et l’exploitation connurent une certaine prospérité, et de nombreux cinéastes purent réaliser des films d’un intérêt certain, même dans la zone contrôlée par les Allemands. Quelques grands cinéastes - Clair, Renoir, Duvivier - avaient émigré, de même que plusieurs vedettes (Gabin, Michèle Morgan). Une société allemande, la Continental fit travailler des cinéastes dont beaucoup furent par ailleurs des résistants, et c’est à cette époque que débutèrent Henri-Georges Clouzot, Jacques Becker et d’autres. Les films français, bénéficiant de l’absence totale de films anglais et américains, remportaient de vifs succès en se tenant à l’écart des graves problèmes du moment. Les oeuvres majeures de cette époque sont Lumière d’été (Jean Grémillon), le Corbeau (Clouzot), Goupi Mains rouges (Becker), Enfants du paradis (de Marcel Carné).
L’après-guerre
La Libération fit apparaître toute une série de films sur les lutluttes nationales, dont les plus notables furent La Bataille du rail, de René Clément, Le Père Tranquille et Jericho d’Henri Calef. Une autre vague de films consacrés à cette période s’imposa dans les années soixante, après le retour au pouvoir du général de Gaulle.
Les années cinquante
Le cinéma français des années cinquante, esthétiquement et idéologiquement proche de celui des années trente, a offert encore des oeuvres solides, notamment sous la signature de René Clément, comme Monsieur Ripois et Les Diaboliques, Les Espions et La Vérité (avec Brigitte Bardot) de Clouzot. Le meilleur représentant de ce classicisme est Jacques Becker avec son Casque d’or et Le Trou, tourné peu avant sa mort. Jean Renoir, revenu en France après un voyage à l’étranger, se livra à des expériences nouvelles, dans Le Testament du docteur Cordelier au moyen de plusieurs caméras, selon les règles de la télévision, qui donnaient au film des possibilités jamais vues jusque là. Max Ophuls confirma son talent dans La Ronde et Le Plaisir (d’après trois contes de Maupassant). Quelques francs-tireurs développèrent une oeuvre à l’écart des classiques, comme Robert Bresson, l’inclassable cinéaste de Un condamné à mort s’est échappé et Mouchette où se manifeste fortement son parti pris de neutralité esthétique. À l’écart des courants habituels du comique, Jacques Tati invente, à partir de Jour de fête un style d’humour personnel qui triomphe dans Les Vacances de M. Hulot et Mon oncle. Les nouveaux cinéastes qui apparaissent à la fin des années cinquante ont en commun d’être jeunes, novateurs, peu respectueux des règles de production et de tournage. Ascenseur pour l’échafaud, À bout de souffle, Hiroshima mon amour, La Tête contre les murs, tous sortis en 1958 et 1959 et réalisés respectivement par Louis Malle, François Truffaut, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard et Alain Resnais, sonnèrent le réveil du cinéma français. Le succès de ces films permit à des dizaines de nouveaux cinéastes de faire un film. C’est grâce à la Nouvelle Vague que des personnalités aussi diverses que René Allio, Jacques Rivette, Éric Rohmer commencèrent à creuser le sillon d’une oeuvre toujours singulière au cours des trente années suivantes.
C’est aussi grâce à ce renouvellement des cadres que le cinéma put maintenir en France un assez bon niveau. Quant à Jean-Luc Godard, dont les premiers films, en particulier Le Mépris et Pierrot le fou, exercèrent une influence libératoire sur des cinéastes du monde entier, il se réorienta dans des directions expérimentales.
Un cinéma militant fonctionna quelque temps, qui eut une certaine influence sur le cinéma en général. Ainsi, Costa-Gavras, qui réalisa Z, s’illustra dans une série de « fictions de gauche » qui encouragea d’autres oeuvres. L’esprit du temps suscita des films à contenu historique ou social souvent réussis, sous la direction de René Allio (Les Camisards et Moi, Pierre Rivière), de Bertrand Tavernier (Que la fête commence), de Frank Cassenti (L’Affiche rouge).
Le cinéma français a produit beaucoup de films policiers. Les comédies étaient - et sont toujours - les préférences les plus prisées des producteurs et des spectateurs. Ainsi, dans les années soixante-dix et quatre-vingt, les noms d’Yves Robert et de Gérard Oury, dans des styles différents, représentaient des garanties de recettes régulières, spéculant sur des vedettes très typées: Bourvil, de Funès, Pierre
Richard. À l’écart des genres constitués, des oeuvres singulières trouvèrent place dans un système français qui favorisait la diffusion de films d’auteurs, parmi lesquels les films de l’écrivain Marguerite Duras, René Allio, Jean Eustache. Les plus fréquentées en France sont les comédies: le record des années quatre-vingt-dix appartient aux Visiteurs, de Jean-Marie Poiré. Le film à caractère culturel apparaît depuis les années quatre-vingt avec l’adaptation de textes de Marcel Pagnol par Claude Berri et Yves Robert: Germinal, La Reine Margot. Maurice Pialat a offert ses meilleurs rôles à Gérard Depardieu dans Loulou, Sous le soleil de Satan, Le Garçu et à Catherine Deneuve (Le Lieu du crime et Ma saison préférée).
Aujourd’hui le cinéma français est écartelé entre les productions de prestige susceptibles de s’exporter et les comédies qui semblent indispensables au marché intérieur.

Pour en savoir plus:
Apprendre le français avec le cinéma français (avec des fiches d'activités et vidéos): http://www.cinemafrancais-fle.com/


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